Revolutionary Road
(la musique pour accompagner la lecture c'est par là)
Revolutionary Road :
Voilà bien un film qui nous a opposé Renart et moi.
Après la séance, on en a débattu des heures.
Je vais vous donner mon point de vue.
Attention, si vous n’avez pas vu le film, je ne vous conseille pas de lire ce qui suit
Pour ma part, du début à la fin, je suis contre April. Je ne vois que sa névrose égoïste, sa dépression qui la tient prisonnière d’un malheur inexistant. Dès la première scène de leur vie de couple, elle fait une scène à Franck, parce qu’elle a honte de sa prestation d’actrice. Parce qu’elle a honte de ce qu’elle est, de ce qu’elle est devenue, elle fait un transfert sur Franck, qui devient alors l’objet de toute sa haine.
Il est évident que leur passion a disparu.
Il est évident qu’elle n’a pas du tout la vie dont elle avait rêvé en choisissant Franck.
Moi aussi j’ai des rêves de « grand », de passion, j’en avais même fait un roman. Et pour autant je ne peux m’identifier à une telle nevrose.
La seule solution qu’elle trouve à son malheur : la fuite. La fuite à Paris, alors que ni l’un ni l’autre ne parle français. A Paris, Franck cesserait de travailler pour trouver sa vocation.
Alors qu’elle est celle qui dépérit de voir sa vie devenir si banale, elle arrive à se servir du soit disant malheur de son mari comme argument pour leur voyage. Je deteste les gens qui se servent des autres pour crier leur propre malheur.
Je trouve cette décision totalement naïve d’une part, et égoïste surtout. Elle a deux enfants à élever, elle n’est plus la seule maitresse de sa vie, elle a des responsabilités qu’elle doit assumer. Couper court à leur seul revenu d’argent parce qu’elle n’a pas la vie dont elle rêvait adolescente, c’est un risque incroyablement naif. Comme si leurs problèmes d’adultes allaient disparaître dans un pays étranger.
Pour moi, Franck a presque toujours la bonne attitude : il arrive à poser ses limites, malgré l’autorité destructrice d’April. Il arrive à s’affirmer en tant qu’homme, même si au départ il a trop peur de l’affronter et tente de retrouver de la passion chez une jeune secrétaire. Mais elle le terrorise. Elle joue avec lui pour mieux oublier que c’est elle même qu’elle déteste. Au point de rejeter la vie qu’elle porte.
Je comprends sa détresse.
Mais elle ne m’émeut pas.
Je comprends ses rêves, mais il est un moment dans la vie où nos rêves évoluent : elle n’est pas à la rue, elle a un mari attentionné (je n’ai pas dit qu’il était parfait, n’oublions pas la trahison) et des enfants, dans une belle maison. Si ce n’était pas à cette vie qu’elle aspirait, il fallait avoir le courage, au départ, de la rejeter : ne pas se marier, ne pas s’installer dans une belle maison, chercher un autre homme : là, ses pulsions égoïste auraient au moins été légitimes parce qu’assumées. Au lieu de ça, elle saute pieds joints dans cette vie calme et lisse, pour ensuite la rejeter en bloc, et mettre en péril tout ce (et ceux) qu’elle a construit.
Voilà pourquoi je n’ai pas pu un seul instant être de son côté, même si ma féminité comprenait ses impulsions.
Pour moi il s’agit d’un cas clinique de dépression, sous couvert d’une révolution de la condition féminine. Au lieu d’essayer de sauver son couple, elle essaie de le fuir, et ne vois pas un seul instant qu’elle est aussi responsable de leur déclin d’une certaine façon.
Voilà.
D’où l’intérêt de les les faire crever fous amoureux dans Titanic : pour qu’ils ne découvrent jamais ce qu’ils seraient devenus en fuyant ensembles : deux personnes avec une conception de la vie totalement différente, qui tentent de se rassurer en se souvenant de la passion aveugle de leurs débuts….
Renart en parle de son côté, si vous voulez un autre son de cloche! ^^